Lait qui a fermenté sous l'action de ferments lactiques. Le mot «yogourt» («yoghourt» ou «yaourt» ) vient de
yoghurmak, mot turc signifiant «épaissir»; le mot «yogourt» est couramment utilisé en Amérique du Nord, tandis qu'en Europe, on emploie plutôt le mot «
yaourt». Le yogourt est en fait la version moderne du «lait caillé» d'autrefois.
Le yogourt serait originaire de Bulgarie. Dans ce pays où les gens consomment du yogourt régulièrement, le nombre de centenaires est élevé. Au début du siècle, Metchnikoff, un collaborateur de Pasteur, découvrit les deux ferments lactiques utilisés pour la fabrication du yogourt, soit
Streptococcus thermophilus et
Thermobacterium bulgaricus.
Le
caillage du
lait fut sûrement découvert par hasard; il s'est révélé un précieux procédé de conservation, son origine remonterait au tout début de l'agriculture. Dans plusieurs parties du monde (en Grèce, en Turquie, en Mongolie, en Inde, au Moyen-Orient et dans certaines parties d'Asie), la consommation du yogourt fait partie de la tradition. Depuis des siècles, il est couramment consommé dans les Balkans, en Turquie et en Asie, mais ce n'est que depuis les années 20 que sa consommation devint courante en Europe de l'Ouest. Sa commercialisation, qui remonte à la première moitié du
xxe siècle, connut peu de succès au début car le goût aigre du yogourt déroutait. Les ventes du yogourt se sont mises à croître lorsqu'on aromatisa le produit de
fruits et de jus de
fruits. En Amérique du Nord où l'adhésion fut plus lente, on connaît aujourd'hui un essor important de la consommation de yogourt. Ainsi, au Québec, la consommation est passée de 162 800 hectolitres en 1975 à 868 700 hectolitres en 1992, pour une moyenne de 3,7 litres par personne. Les Européens demeurent toutefois les plus grands consommateurs de yogourt, la consommation par tête varie de 12 à 20 kg par année.
Le yogourt se prépare avec du
lait (lait de vache, de chèvre, de brebis, de
soya) dans lequel on incorpore des ferments qui convertissent une partie du
lactose (le principal
glucide du
lait) en acide lactique. Ces
ferments, différents de ceux qui donnent le
fromage, sont deux bactéries,
Lactobacillus bulgaricus et
Streptococcus thermophilus, dont l'action simultanée produit plus d'acide lactique que chacune d'elles prise séparément. Au début de la fermentation, ce sont surtout les
streptococcus qui agissent, ils acidifient le
lait, puis laissent progressivement la place aux
lactobacillus, plus résistants en milieu acide. Idéalement, on devrait utiliser les deux bactéries en proportions égales. Il arrive souvent que le yogourt commercial contienne moins de
Lactobacillus bulgaricus, car cette bactérie est acidifiante et donne un yogourt plus aigre.
Le
lait coagule lorsqu'une quantité suffisante d'acide lactique est produite. D'autres transformations biologiques s'effectuent en parallèle, ce qui rend entre autres les
protéines plus facilement assimilables. L'action des bactéries est optimale à une température se situant entre 40 et 50 °C. Lorsque le yogourt a suffisamment fermenté, il suffit de le refroidir pour arrêter le travail des bactéries. Contrairement au
fromage, le yogourt n'est pas égoutté.
Qu'il soit nature, brassé ou ferme, le mélange de base des yogourts demeure essentiellement le même: un volume déterminé de
lait entier ou partiellement écrémé est enrichi légèrement d'un extrait sec, soit de la poudre de
lait entier ou écrémé, soit du
lait concentré par évaporation. L'ajout de stabilisants (
gélatine ou
pectine) se fait lors du préchauffage du produit. Ce dernier subit ensuite une homogénéisation suivie d'une hyperpasteurisation et ce, afin d'obtenir une texture épaisse et onctueuse. Le mélange est ensuite refroidi à 44-46 °C pour être ensemencé avec le
Lactobacillus bulgaricus et le
Streptococcus thermophilus. La période d'incubation dure de 2 à 6 h selon le degré d'acidification voulu. Les yogourts sont ensuite réfrigérés à 4 °C, ce qui ralentit l'action bactérienne et assure une conservation d'environ 1 mois.
La fabrication commerciale donne un yogourt plus ferme et moins susceptible d'expulser le
lactosérum, le liquide jaunâtre qu'on trouve parfois à la suface des yogourts naturels. Ce liquide ou sérum n'affecte pas la qualité du yogourt, mais il est jugé indésirable par les fabricants et les consommateurs.
Il existe toute une gamme de yogourts, dont le yogourt ferme (le plus ancien), le yogourt brassé (procédé inventé en Suisse) et divers produits comme le yogourt glacé, le yogourt à boire, et le yogourt déshydraté.
Le
yogourt ferme a l'aspect d'une
gelée compacte. Il est fermenté à même le contenant, puis refroidi; s'il est
aromatisé avec des produits naturels ou artificiels, ces derniers sont déposés au fond.
Le
yogourt brassé est mélangé après la fermentation et le refroidissement, ce qui rend le produit homogène et lisse; des agents solidifiants, telles la carraghénine ou la
gélatine, sont souvent ajoutés. Le yogourt brassé est
aromatisé avec des produits naturels ou artificiels.
Le
yogourt à boire ou
boisson au yogourt est fabriqué à partir de
lait fermenté additionné de sirop à saveur de
fruits ou de
sucre et de
fruits et se veut un substitut aux boissons gazeuses; le
yogourt glacé est semblable à la
crème glacée.
Il faut noter que plusieurs de ces produits ont été pasteurisés ou traités à ultra-haute température (UHT), ce qui inactive les bactéries et fait disparaître les bienfaits de la fermentation. De plus, plusieurs contiennent des
additifs, ainsi on trouve dans le yogourt glacé de la gomme à base de cellulose modifiée, de la gomme de guar, du polysorbate 80, de la carraghénine, des mono et diglycérides, du sorbate de
potassium, des colorants et des arômes artificiels.
Le yogourt n'est qu'une des nombreuses formes que prend le
lait fermenté, il existe également le
lait caillé, le kéfir et le koumis.
Le
lait caillé est du
lait qui a fermenté à la température de la pièce sans l'ajout de culture bactérienne, seulement par l'action de la flore lactique présente dans le
lait. La chaleur active cette flore qui produit de l'acide lactique, ce qui entraîne le
caillage du
lait. Le
lait caillé se sépare en deux parties distinctes: le caillé et le
lactosérum. Il est consommé tel quel après avoir été brassé ou après égouttage.
Autrefois très populaire, le
lait caillé a presque disparu maintenant car la
pasteurisation et l'homogénéisation du
lait détruisent en partie la flore lactique, ce qui rend moins facile la fabrication du caillé. Cette fermentation devient impossible avec du
lait stérilisé ou avec du
lait UHT. Le
lait caillé est très périssable, il doit être consommé le plus tôt possible et conservé au réfrigérateur.
Le
kéfir ou
képhir est du
lait entier ou partiellement écrémé, fermenté par l'action combinée de plusieurs espèces de bactéries et de
levures, ce qui le rend légèrement gazeux et alcoolisé avec une saveur piquante et quelque peu amère. Le taux d'alcool est généralement de 1% mais il peut atteindre jusqu'à 2%. Le kéfir serait originaire du Caucase; cette boisson est bien connue en Europe de l'Est, en Russie et au Moyen-Orient. La Russie produit du kéfir de façon industrielle.
Les ferments du kéfir sont constitués d'un mélange de
levures (
Saccharomyces kefir et
Candida kefir) et de diverses bactéries (telles que
Lactobacillus caucasicus,
L. casei,
Streptococcus lactis et
Streptococcus diacetilactis). Cette association de micro-organismes forme un zooglé, c'est-à-dire qu'ils forment des grains gélatineux pouvant être séparés du
lait après la fermentation et ce, par simple tamisage. Les bactéries effectuent une fermentation d'acide lactique qui donne un goût aigre semblable à celui du yogourt, tandis que les
levures transforment une partie du
lactose en gaz carbonique et l'autre partie en alcool. Le kéfir est plus ou moins liquide, onctueux et alcoolisé, selon sa durée de fermentation. Il mousse et pétille de façon semblable à la bière. Le kéfir peut être préparé avec des fruits déshydratés ou du
citron, mais la culture utilisée est alors différente.
La préparation du kéfir est simple: le
lait à une température de 20-22 °C est additionné des grains de kéfir et laissé à fermenter à la température de la pièce de 1 à 2 jours. La fermentation est plus rapide quand la température se situe autour de 22 °C. Traditionnellement, on ensemence le
lait avec les minuscules grains de kéfir de couleur jaune (rares sur le marché), qui deviennent blanchâtres lorsqu'ils sont mis en contact avec le
lait. On les récupère après chaque utilisation et on les conserve à 4 °C pendant environ 10 jours. Des cultures de kéfir lyophilisées sont également disponibles, leur période de conservation est pratiquement illimitée. On utilise aussi une culture en poudre ou du kéfir d'une préparation précédente, faite depuis moins d'un mois. Le kéfir s'utilise comme le yogourt.
Le kéfir se conserve au réfrigérateur et il est plus périssable que le yogourt. Lorsqu'il a suri, il peut encore servir, surtout pour la cuisson. Le kéfir est délicieux servi glacé et garni de feuilles de
menthe, ou bien versé sur des
fruits. On peut le boire ou le consommer comme le yogourt.
Le
koumis ou
koumys ressemble au kéfir, mais il est plus alcoolisé puisqu'il contient jusqu'à 2,5% d'alcool. Il est fabriqué avec du
lait de jument, d'ânesse ou de vache. Sa saveur rappelle parfois le vin blanc. Courante dans les steppes russes et en Asie depuis fort longtemps, cette boisson fut très appréciée du temps des Tartares, des Cosaques et des Russes, soit du
xiiie au
xixe siècle. On le consomme traditionnellement en Asie centrale.